REPONSES DE TOUXOUA LYFOUNG

AUX 11 QUESTIONS POSEES PAR

LE CAMARADE BENJAMIN HAIMES

Président de WORLD CONSORTIUM OF COMPANIES ,

INC .CENTRAL CONTROL

Par INTERNET interposé le camarade Benjamin Haimes a posé une série de questions auxquelles il demandait une réponse par VRAI ou FAUX. Les questions sont posées de telle manière que toutes les réponses positives ou négatives convergent vers la reconnaissance du régime actuel au Laos comme le jardin d'Eden des laotiens. Je fais partie des laotiens qui n'admettent pas que le système du parti unique et le totalitarisme d'Etat s'imposent de force au peuple laotien .

Voici les questions du camarade Benjamin Haimes :

1 - In the 19th Century the Royal Family paid the French Colonial to protect their Throne

2 - The French issued their own currency in French with French insignia as the official currency of Laos during their stay as the protector of Crown

3 - The French Anthem was played in Laos not the Laotian during their presence as the protector of the Royal Family

4 - The French Law prevail in the land that it was not their land but Laotian Land

5 - The Elite Executives were French and Laotian with French education not Laotian education

6 - The Archited of Laos became the French Archited

7 - The Royal Family supported by the French Government through the revenues collected from the simple and slaved farmers and tribes without any education bebefits to the poor Laotian populous

8 - When the " Red Prince " fought against the undesired French occupation , the Royal Family appealed to the CIA to protect it's Crown against its own Laotian freedom fighters

9 - Laos is a Souvereign Nation among the Family of Nations

10 - The Government of Laos People Democratic Republic is the only recognized Government of the Souvereign Nation of Laos by all International Institutions

11 - The Official Language of Laos is Laotian and not French

Voici mes réponses :

1 - C'est faux ! Au XIXè siècle la Famille Royale Lao n'a pas payé la France pour protéger le trône. Elle a demandé protection à la France contre les envahisseurs qui s'appelaient les siamois, les annamites ou encore les birmans, plus nombreux et assoiffés de conquêtes territoriales, qui voulaient annexer les Provinces et les Principautés Lao par les armes. En bon historien le camarade Benjamin Haimes devrait se poser la question sur la disparition complète et définitive du Royaume du Champa de la carte mondiale. Je pense que les rois laotiens étaient des rois sages et intelligents. Il valait mieux être protégé par un Etat de droit comme la France qu'être avalé par le Vietnam ou le Siam .

2 - C'est vrai ! La monnaie française ( la Piastre ) circulait au Laos, devenu un protectorat français, comme la monnaie britannique circulait dans ses colonies dont une grande partie de l'Amérique du Nord, l'Australie et plusieurs Etats africains. Personne n'a eu honte de cet état de chose. Jamais le Laos n'a été considéré comme une terre française, une terre conquise par la France ou une colonie française. Le Roi du Laos a toujours été respecté. Je fais remarquer au camarade Benjamin Haimes qu' aujourd'hui même ( en 1996 ! ) le dollar de l'oncle Sam circule librement et sans contrôle en République Démocratique Populaire Lao et en République Socialiste du Vietnam. Où donc est la véritable indépendance de la RDPL ? Où donc est la véritable indépendance de la RSV ?

3 - Je ne connais pas l'Hymne National Lao avant le protectorat français . Il est donc difficile de répondre à cette question. Le camarade Benjamin Haimes pourrait-il me faire entendre un morceau de l'Hymne National Lao des siècles passés ? Tout ce que je peux dire c'est que depuis l'âge de 6 ans ( j'en ai aujourd'hui 50 ) j'e n'ai toujours entendu que le même Hymne National que les élèves laotiens chantaient dans la cour de l’école chaque matin avant d’entrer dans les salles de classe ( Sat Lao Tang Tè Deum Ma Khune Xu Lu Xa You Nay Asie. Sao Lao Phouk phan Maytry Houam Samakhy Hak Ho Houam kan etc... ). Arrivés au pouvoir en 1975 par un coup d'Etat appuyé par l'armée nord-vietnamienne, les communistes laotiens ont changé les paroles de l'Hymne National Lao, mais sans oser toucher à la musique dont ils étaient incapables d'écrire. Cela veut dire que le Royaume du Laos était un Etat indépendant bien avant le coup d'Etat vietnamien du 2 Décembre 1975 .

4 - C'est vrai ! Une partie de la loi française s'adaptait aux réalités sociologiques politiques et économiques laotiennes jusqu'au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale. Mais le Laos avait ses lois et ses coutumes qui avaient force de loi et qui s'appliquaient tout aussi valablement que la loi française. De plus il y avait les décisions du roi, prises avec sagesse et clairvoyance, qui avaient force de jurisprudence. Sans défendre la loi française qui a l'avantage d'être une loi écrite, je pense personnellement qu'elle est mieux élaborée que les lois coutumières laotiennes sans en être pour autant supérieures. J'ajoute, à titre d'information à l'attention du camarade Benjamin Haimes, que dans les hautes montagnes laotiennes dont je suis originaire la loi française n'avait rien à voir avec la population et ne s'appliquait nullement. Nous avions nos lois, nos coutumes, nos traditions, nos conseils des sages, et nous étions fidèles au Roi .

5 - C'est faux ! La langue française était certes un plus ( + ) pour un homme public . Mais elle n'a jamais été la condition nécessaire pour occuper un poste à responsabilité. Au niveau des membres du gouvernement, des directeurs des services centraux et des services techniques spécialisés tout le monde, y compris le camarade Benjamin Haimes, peut comprendre facilement que l'instruction ( et non pas l'éducation ) a une place prépondérante. Il arrive souvent, et même très souvent, que certains hauts responsables politiques, administratifs, civils ou militaires n'aient que le certificat d'études primaires et ne parlent pas un seul mot français. Ils ont fait l'histoire du pays et ils étaient aimés du peuple. Le Général VANG Pao n'a fait que trois années d'études primaires. Cela ne l'a pas empêché d'être un très grand Général, sinon le plus grand, des Forces Armées Royales Lao. En règle générale on confie rarement un poste à responsabilité à quelqu'un qui n'a pas un minimum d'instruction. Le monde a besoin de communiquer, d'évoluer, de progresser. Le camarade Benjamin Haimes qui admire tant le régime totalitaire actuel sait-il qu'en 20 ans d'administration communiste la République Démocratique Populaire Lao n'a pas produit un seul interprète- traducteur digne du nom. Les interprètes- traducteurs que nous voyons à des grandes occasions (visites officielles de Chefs d'Etat ou de Chefs de gouvernement étrangers) sont issus de l'ancien régime. En revanche, les ingénieurs et les médecins formés dans les Ecoles du nouveau régime servent des glaces dans les restaurants ou vendent des bonbons au marché .

6 - Je ne saisis pas très bien cette question. Sous réserve que je ne me trompe pas sur le sens de la question, s'il s'agit de dire que la culture française est devenue la culture laotienne ou que les laotiens ont abandonné leur culture et leurs moeurs pour adopter celles des français sous la Monarchie, cela est complètement faux. Le camarade Benjamin Haimes ne connaît pas notre pays. La France était moins présente dans le Royaume du Laos que ne le sont aujourd'hui la Thaïlande et le Vietnam dans la République Démocratique Populaire Lao. A la question n° 2 ci-dessus je disais que le dollar américain circulait librement et sans contrôle dans la République Communiste Lao. J'ajoute que le bath thaïlandais jouit des mêmes privilèges sous la barbe des dirigeants actuels qui ne voient plus que " vert et rouge ", c'est à dire le dollar et le bath. Le dong et le kopeck n'ont plus cours au Laos . Mais l'influence vietnamienne inonde et s'infiltre jusqu'au lit conjugal des maîtres de la République. Il n'y aucune règle de grammaire dans le langage écrit. Sous le nouveau régime on écrit comme on l'entend. Le théoricien du Nèo Lao Hak Sat , grammairien, ancien Ministre de l'Education Nationale et ancien Président de la République par intérim, aujourd'hui décédé, disait souvent que l'on pouvait écrire le laotien comme on voulait du moment qu'il y avait pas de mort d'homme. Cela n'a pas empêché le Parti communiste Lao de tuer 100.000 laotiens innocents (hommes, femmes, enfants, nourrissons et vieillards) et en mettre 80.000 dans les camps de travaux forcés . L'ancien n°2 du nouveau régime, au temps où son compagnon était le n°1 du pays, a développé toute une théorie raciale et ségrégationniste sur les laotiens nouveaux (Khol Lao Maï !) qui ressemblaient à des vietnamiens tout crachés. Cette théorie nous rappelle le Mein Kampf d'un certain caporal Adolf Hitler et les horreurs de la Deuxième Guerre Mondiale .

7 - C'est vrai que la Famille Royale vivait du revenu de ses domaines et accessoirement d'une liste civile votée par le Parlement. Mais que le camarade Benjamin soit rassuré ! Le Roi laotien n'a pas exploité son peuple et n'a pas pillé les richesses du pays. Cela n'a pas été le cas des dirigeants communistes dont la seule présence au Laos a fait fuir plus de 400.000 laotiens. Le nouveau pouvoir en a bien profité pour voler leurs maisons, leurs terres et parfois même leurs femmes. Après avoir assassiné le Roi, la Reine et le Prince Héritier, les communistes laotiens découvrent que la Famille Royale n'avait aucune fortune personnelle. Le camarade Benjamin Haimes est un individu intelligent. Il doit savoir que les impôts existent dans tous les pays quels qu'ils soient, communistes ou non communistes. La règle est universelle. Quand le plus pauvre des pauvres achète un pain il paie une taxe. En France, cette taxe s'appelle la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Le camarade Benjamin Haimes doit savoir aussi que sous la Monarchie constitutionnelle avant 1975 le paysan laotien considéré comme le plus pauvre du village possédait sa maison, son poulailler, ses cochons et son bout de terre pour planter riz et légumes. Dans la République actuelle chère au camarade Benjamin Haimes, et d'après les dires des visiteurs et des touristes qui en reviennent, les gens demandent tout le temps de l'argent pour ne pas dire de l'aumône. La corruption atteint le seuil de la honte. Voilà aussi une différence entre la Monarchie constitutionnelle et la République à parti unique. On ne confond pas démocratie et dictature. On ne mélange pas serviettes et torchons !

8 - C'est faux! Le Prince Rouge (s'agissant probablement du Prince SOUPHANOUVONG, la marionnette du vietnamien Nguyen Van Seun Kaysone PHOMVIHAN et du Parti communiste nord-vietnamien) n'a pas combattu la présence française. Il a choisi, avec ses maîtres communistes nord-vietnamiens, de collaborer avec l'armée d'occupation japonaise dans le seul but d'abolir la Monarchie ( Son rêve fut réalisé le 2 décembre 1975 ! ). Le Roi connaissait les intentions du Prince Rouge . Il a choisi le monde libre des Alliés, contre l'Axe, c'est à dire contre la coalition Allemagne nazie - Italie fasciste et Japon impérialiste. Par ailleurs le Roi n'était pas seul. Le peuple laotien le soutenait à 98%. Mais les bodoïs qui opéraient au Laos étaient en plus grand nombre. Si vraiment le roi avait demandé l'aide et la protection de la CIA il serait certainement encore vivant. La CIA avait les moyens de sauver le Roi et son Royaume. La vérité est que le Secrétaire d'Etat américain a préféré sacrifier le Laos et les laotiens aux mains des communistes pour obtenir son Prix Nobel. On trahit ses amis pour de l'argent ! On lit même quelque part que c'était un agent soviétique ! (Le Petit Courrier de la chrétienté - Edition Spéciale n°38 de Printemps1994). Le Roi laotien a toujours choisi son peuple . Ce n'est absolument pas le cas du Prince Rouge qui a fait appel à l'armée nord-vietnamienne pour massacrer plus de 100.000 laotiens innocents en temps de paix (chiffre avancé par les anciens étudiants communistes laotiens de l'Europe de l'Est au moment des manifestations estudiantines de 1991 et confirmé pour 70.000 par le camarade Thongsouk SAYSANGKHI, ancien Vice-Ministre de la Technologie du gouvernement de la République communiste Lao, actuellement à l'agonie dans une prison souterraine à Sop Hao) et mettre en cellules de torture physique et de lavage de cerveau, dès le 2 décembre 1975 , plus de 80.000 fonctionnaires et militaires fidèles à la Monarchie. Je renvoie le camarade Benjamin Haimes aux aveux du Prince Souphanouvong recueillis par les jeunes laotiens d'Australie en visite au Laos, au mois de Juillet 1993 à l'occasion de ses 84 ans. Le Prince reconnaissait sa haute trahison envers la nation et demandait au peuple de lui pardonner. On savait qu'il n'était qu'une marionnette et qu'il n'a jamais gouverné le pays . Ceux qui tiraient les ficelles s'appelaient Kaysone, Nouhak , Khamtay et leurs maîtres de Hanoï .

9 - C'est vrai ! Le Laos est reconnu comme un Etat souverain. Mais cette souveraineté ne date pas de 1975. Le Royaume du Laos était un Etat souverain reconnu par toutes les Nations du Monde, y compris l'Union Soviétique, la Chine Populaire, la Corée du Nord, le Cuba, les pays de l’Europe de l’Est et les deux Vietnam. La seule différence est que la souveraineté nationale sous la Monarchie constitutionnelle laotienne était fondée sur la démocratie, sur la libre expression des électeurs et, avait l'adhésion du peuple, tandis que la souveraineté nationale, sous la République Démocratique Populaire Lao, est fondée exclusivement sur la dictature d'un Parti unique aux méthodes staliniennes et sur la terreur, sans l'assentiment du peuple. Je renvoie le camarade Benjamin Haimes à la lecture du " Pavillon des cancéreux " et de" l'Archipel du Goulag " d' Aleksandr Issaievitch SOLJENITSYNE pour mieux comprendre ce qui s'est passé au Laos au lendemain du coup d'Etat du 2 Décembre 1975. Les prisonniers politiques laotiens sont morts affamés et aveugles dans les camps de torture. A ce jour aucune Organisation Internationale n'est autorisée à se rendre dans cette zone protégée ultra- secrète (gloire du parti) pour mener une enquête sur les crimes du nouveau régime. A ce jour on ne sait toujours pas où, quand et comment ont été exécutées ou enterrées vivantes la Famille Royale et sa suite . En pays civilisés on soigne les blessés ou les accidentés puis on les rend à leurs familles. On respecte la vie. En République Démocratique Populaire Lao , "SILENCE, ON TUE " .

10 - C'est faux, complètement faux ! Le gouvernement de la République Démocratique Populaire Lao n'est pas le seul gouvernement lao à être reconnu par les nations et organisations mondiales. Tous les gouvernements successifs du Royaume du Laos étaient reconnus du monde entier. Les Chefs de Gouvernement et les Ministres étaient invités et reçus partout comme tels, en pays démocraties comme en pays totalitaires. La différence entre les gouvernements des deux régimes est que les gouvernements sous la Monarchie constitutionnelle étaient des gouvernements légitimes issus d'un vote de confiance d'une Assemblée Nationale librement et démocratiquement élue. Les gouvernements du Royaume du Laos étaient reconnus par le peuple laotien. Tandis que le gouvernement de la République Lao est né d'un coup d'Etat soutenu par une armée étrangère et n'est reconnu que par le Parti communiste qui détient tous les pouvoirs entre ses mains. Le peuple n' a pas son mot à dire. Toute contestation est passible de prison à vie. Le gouvernement de la République Lao est en lui-même un gouvernement à vie. Il ne change ou ne se remanie qu'à la mort du Premier Ministre. Les Ministres eux-mêmes sont les fils à papa. C'est du jamais vu dans les gouvernements du Royaume du Laos !

11 - C'est vrai ! Mais c'était déjà vrai sous la Monarchie constitutionnelle. La langue lao a toujours été la langue officielle du Royaume du Laos. Je ne trouve pas le texte de loi qui dit que la langue officielle au Laos est ou était le français. Et même dans l'hypothèse où un tel texte existe, le camarade Benjamin Haimes doit savoir que nos parents et nos grands parents ont toujours utilisé la langue lao comme langue véhiculaire, sauf quand ils écrivaient à un français, à un représentant de la France ou au gouvernement français. Je fais remarquer que les vietnamiens et la langue vietnamienne inondent le Laos depuis 20 ans, et que les milieux politiques et économiques officiels laotiens actuels courent après la langue anglaise ou anglo-américaine pour faire fortune. Cela devrait faire plaisir au camarade Benjamin Haimes. Dans le Laos actuel où les laotiens sont ses frères et ses fils chéris selon ses propres mots, on gagne des dollars quand on parle anglais et des kips quand on parle laotien. Quant à l'influence de la langue et de la culture thaïlandaises, n'en parlons pas. Les laotiens de la République regardent la télévision thaïlandaise du matin au soir, et du soir au matin. Voilà encore une drôle de conception de l'indépendance nationale .

 

OBSERVATIONS sur le questionnaire du camarade Benjamin Haimes

a - A la lecture du questionnaire, je constate que le camarade Benjamin Haimes ne sait rien de l'Histoire du Laos. C'est bien dommage parce qu'il semble manifester un réel intérêt pour mon pays. Je voudrais lui dire que l'on n'est pas historien du Laos quand on n'a passé que 24 heures au pays dans les salons climatisés des Ministres corrompus. J'espère que mes réponses contribueront à lui ouvrir un peu les yeux.

b - On ne compare pas le Laos de 1995 avec le Laos de 1895. Ou alors on admet que la République Démocratique Populaire Lao ne soit comparable qu'avec le Royaume du Lane Xang des siècles précédents. Dans cette hypothèse, et dans cette hypothèse seulement, je donnerais raison au camarade Benjamin Haimes, exception faite cependant de la manière dont le pays est gouverné. Car on ne trouve pas dans annales politiques laotiennes les atrocités commises par l'Etat contre son propre peuple comparables à celles commises par la République Démocratique Populaire Lao. Il fallait attendre l'Allemagne de Hitler, l'Union Soviétique de Lénine et de Staline, le Cambodge de Pol Pot et la République Lao actuelle pour pouvoir comparer entre elles les folies des hommes. La seule chose de bien, de positif, admise par les observateurs informés, est que la République communiste entretient bien, voire excellemment, le barrage de Nam Ngum construit sous la Monarchie, parce qu'il rapporte des devises au Parti et à l'Etat.

c - Quant à l'Indépendance du Laos, elle ne date pas de 1975 mais de 1949. Certains historiens et juristes internationaux la situent même en 1947. Ce qui est sûr est que la Constitution laotienne de 1949 (en vigueur jusqu'en 1975), en son préambule, ne remercie ni la France, ni l'Amérique, ni un quelconque pays étranger. Entre 1975 et 1991, la République Lao vivait à l'état sauvage, sans foi ni loi. La seule loi qui s'appliquait au peuple (et non pas au Parti !) était la loi de la jungle et des grottes. En 1991 le Parti Communiste Lao, par une Assemblée Nationale bidon composée à 100% de membres et d' hommes de main du Parti, a fait voter, à 100% des voix, une Constitution qui remerciait chaleureusement (et combien honteusement !) la République du Vietnam et le camp des pays socialistes d'avoir contribué à l'Indépendance de la République Lao. Deux anciens membres du gouvernement communiste (le camarade Thongsouk et le camarade Rasmy) et un haut fonctionnaire communiste ( le camarade Fèng ) ont voulu ajouter un grain de démocratie dans le texte constitutionnel, ils se sont tous retrouvés dans une prison souterraine sans lumière et sans sanitaire à Sop Hao où ils attendent la mort. Chacun pensera ce qu'il voudra de cette conception de l'Indépendance des dirigeants communistes laotiens qui se disent intelligents et clairvoyants (Phounam thi salad sungxay !). A entendre le raisonnement des dirigeants communistes laotiens qui ont appris le droit dans les grottes de Sam Neua, la République Démocratique Populaire Lao serait un Etat plus indépendant que la France ou que les Etats Unis d'Amérique parce que les laotiens peuvent acheter librement une maison ou un terrain en France et aux Etats Unis d'Amérique, tandis que le français et l'américain ne peuvent pas le faire en RDP Lao . Les communistes laotiens oublient que les colons vietnamiens n'ont pas déboursé un seul centime pour peupler le Laos, du Nord au Sud. Une population qui croît de 30 à 40% en vingt ans, entre 1975 et 1992, sachant qu'elle s'était vidée de 12% en 1975 et que le peuple vit depuis cette date dans la terreur et l'insécurité, commence sérieusement à inquiéter les démographes .

d - Je suis à la disposition du camarade Benjamin Haimes et de tous ceux qui s'intéressent de près au Laos pour débattre de tous les sujets intéressant la vie politique, économique, sociale, culturelle et religieuse de mon pays .

LE CHAPITRE SUIVANT répond à la lettre de Monsieur Khamchong LOUANGPRASEUTH citée par le camarade Benjamin Haimes .

a - Je connais mon ami Khamchong depuis 45 ans. Nous avons pratiquement grandi ensemble dans les rues et au marché de Xiengkhouang . Une amitié et une affection lient nos deux familles depuis deux générations. Ses parents dont je salue respectueusement la mémoire, sont morts en zone opérationnelle au Nord Laos en pleine guerre dans les années soixante. Si ma mémoire est bonne, mon père Touby LYFOUNG (aujourd'hui décédé, assassiné en 1979 par le nouveau régime) avait dit à son ami Linthong LOUANGPRASEUTH qui avait le commerce dans le sang, de ne pas s'aventurer dans les zones dangereuses qui échappaient au contrôle des Forces Armées Royales. Mon père aurait préféré, et a même suggéré, que son ami descende vivre à Vientiane où la sécurité était mieux assurée. Je crois, et mon père le regrettait, que le père de mon ami Khamchong n'a pas jugé bon de suivre ses conseils. A l'époque, les villes de Xiengkhouang , de Phonesavanh , de Khangkhay et de Ban Bane, ainsi que les routes de Xienkhouang jusqu'à la frontière nord-vietnamienne, étaient sous le contrôle du jeune Général neutraliste Konglè, célèbre auteur du coup d'Etat du 9 août 1960, qui avait épousé en deuxièmes noces une nièce de Monsieur Linthong LOUANPRASEUTH, tandis que les Hmong du Général VANG Pao , c'est à dire les Forces Armées Royales sous le commandement de VANG Pao, contrôlaient toutes les zones montagneuses. Monsieur Linthhong et son fils Khamchong lui-même avaient entière confiance en l'armée du Général Konglè qui bénéficiait de surcroît de l'appui des troupes Pathet Lao. En dépit des conseils de son ami Touby LYFOUNG, Monsieur Linthong LOUANPRASEUTH continuait à faire son petit commerce florissant entre Xiengkhouang et Samneua. Nous connaissons la suite. On accuse tantôt les Hmong tantôt le Pathet Lao de la mort des époux Linthong LOUANGPRASEUTH. Personne ne sait exactement ce qui s'est passé. Les suppositions abondent. Cependant une chose est certaine. Les Hmong connaissaient Monsieur Linthong qui parlait couramment leur langue. Monsieur Linthong était de plus un ami de longue date de leur chef Touby LYFOUNG et de Vang Pao. Le Pathet Lao ne connaissait pas Monsieur Linthong, mais savait qu'il transportait toujours avec lui de l'argent et des marchandises pour revendre sur les marchés de Xiengkhouang et de Sam-Neua. Pour le reste chacun tirera la conclusion qu'il voudra .

Cette affaire me fait parfois penser aux embuscades fréquentes et à l'insécurité grandissante qui règnent actuellement au Laos. Chaque fois qu'un voyageur fortuné est tué sur les routes surveillées par l'armée, le gouvernement de la République n'hésite pas à accuser la résistance hmong, à désigner du doigt les hmong comme des assassins. Or on sait que les soldats de la République communiste Lao ne touchent leurs soldes que deux à trois fois par an et vivent dans la misère. Le reste du temps ils auraient travaillé pour la gloire du Parti!

b - L'Histoire du Laos doit être revue à sa juste vérité. Le Prince PHETSARATH n'a pas lutté pour l'Indépendance du Laos. Son but était de renverser le Roi de Louangphrabang pour lui prendre sa place qu'il estimait lui revenir de droit. Il collabora dès les premières heures avec l'armée d'occupation japonaise et avec le Viet-Minh. Il forma à Vientiane un gouvernement fantoche appelé gouvernement Lao Issara (laotiens libres) et envoya une colonne militaire à Louangphrabang pour forcer le Roi SRISAVANGVONG à abdiquer (sur cet épisode, lire les Mémoires de Thao Phoumi VONGVICHIT, Tome 1 publié en 1989 , et l'oeuvre de Jean DEUVE sur les évènements politiques au Laos de 1945 à 1965). Mais le vieux roi n'a pas cédé aux menaces et aux exigences des insurgés. Le roi n'a pas appelé la CIA à son secours mais les montagnards Hmong à qui il a, par la suite, rendu justice en leur accordant la pleine citoyenneté laotienne en guise de reconnaissance . Après son échec, le Prince PHETSARATH s'est enfui en Thaïlande où il séjourna jusqu'à la fin de la Première Guerre d'Indochine . Quand il est rentré au pays, il a été reçu en homme d'Etat, puis décédé en grand Prince laotien avec des funérailles nationales et des honneurs dus à son rang. Le Roi lui a tout pardonné. Ce ne serait pas le cas dans le nouveau régime, sous le règne de son demi-frère Souphanouvong, où l'on coupe et assassine les patriotes jusqu'aux racines par soumission aveugle à l'ordre communiste international et au testament de Hô Chi Minh. En 1975, le Roi Srisavang VATTHANA, pourtant Chef suprême de l'Armée, selon la Constitution en vigueur, n'a pas fait appel au peuple pour se soulever contre l'envahisseur et sauver son trône. Il savait que c'était inutile, l'Armée, la Police et l'Administration étant divisées et complètement démoralisées sous l'infiltration des 21 Organisations ( Sao Et Ongkane ) manipulées de main de maître par le Néo Lao Hak Sat . On sait aujourd'hui ce qu'est devenu le Laos, tout juste une proie pour le Vietnam et la Thaïlande . Le chemin sera encore long et difficile, avant que le Laos ne redevienne un pays libre et que les laotiens ne retrouvent la paix, le sourire et le bonheur d'autrefois .

Que mon ami Khamchong me comprenne si je ne partage ni son point du vue ni celui des Nouveaux Intellectuels Lao de l'Etranger (Panyasone Lao Tang Dène Loun Maï) sur l'histoire contemporaine de notre pays. La lutte pour le pouvoir sous la Monarchie laotienne n'a rien de comparable, ni aucune commune mesure, avec l'ampleur des atrocités commises par nouveau régime .

 

Bonne et Heureuse Année !

PARIS , le 02 Janvier 1996

Touxoua LYFOUNG