FORUM SUR L’AVENIR DU LAOS (*)

Chers internautes franco@lao.net,

Mille mercis à Phiengsavanh de m’avoir créé une adresse et me connecté sur franco@lao.net pour mettre à jour mon B.A.BA sur le monde politique, économique, social, culturel, touristique et intellectuel laotien.

Peu habitué à ce réseau de communication, j'avoue avoir quelques difficultés (tenant probablement à mon âge avancé : 2 quarts de siècle déjà !) à comprendre qui écrit à qui, qui questionne qui et qui répond à qui (?). Il y a un mélange d’approches, d’analyses, d’opinions opposées, voire parfois de règlements de compte entre gens civilisés. Mais je trouve tout cela FORMIDABLE ! Vive la démocratie ! Il vaut mieux un coup de gueule qui blesse sur internet que des coups de fusil qui tuent sur le Mékong, à Vientiane, à Viengsay ou à Sop-Hao . N’est-ce pas ?

De l’identité lao et de l’éducation des enfants, thèmes admirablement analysés par Phang Honkela, à l’exposé de Saysana sur le bilan économique du Laos en 1999 mettant en évidence l’incompétence des autorités gouvernementales (Parti et Etat), passant par la défense de la culture lao à l’étranger qui devient la tasse de thé de notre président Chansamone, les cris au secours de Ouane que personne n’entend et le tout dernier échange de courrier entre Phieng et Vyara-vanh qualifiant les hommes au pouvoir d’animaux féroces, pervers et dangereux etc, sans oublier les mille et une informations combien utiles et enrichissantes sur le Laos et sur les laotiens recueillies et diffusées par Phieng à l’attention de tous, il y a un immense champs de discussion et d’échanges d’idées constructives entre internautes, et mieux encore entre laotiens de l’intérieur et laotiens de l'extérieur (si encore laotiens il y a ! ! !). J'ajoute à l'analyse journalistique de Saysana que la situation humiliante de l'économie laotienne n'est pas le fruit de l'incompétence des dirigeants qui ont appris l'économie politique à l'école buissonnière, mais une volonté politique, mûrement réfléchie et élaborée dans les laboratoires secrets des demi-dieux du politburo , de réduire le pays à un état pitoyable de mendicité et le peuple à un état de non droit pour rester les maîtres absolus à bord, comme au temps de l'esclavage. Gérer une économie à l’échelle nationale n’a rien à voir avec planter les choux à l’entrée des grottes de Sam-Neua.

Il est aujourd’hui grand temps de nous poser la véritable question sur l’avenir de notre pays et sur l’avenir du peuple laotien. C’est l’objet du présent forum.

Face à 80 millions de vietnamiens, 60 millions de thaïlandais, 8 millions de cambodgiens et plus d’un milliard de chinois, le Laos, en tant qu’Etat constitué se voulant souverain et indépendant, a t-il encore un avenir ou une chance de suivie?

Le parti communiste et l’Etat Démocratique Populaire Lao ont fait leur choix, celui de dissoudre la nation lao dans un ensemble territorial à administration vietnamienne. Le Laos n’existe plus, mais au moins, pensent-ils, la terre laotienne sera protégée par nos frères vietnamiens contre les agressions extérieures (ambitions territoriales et cultuelles thaïlandaises, colonialisme français, impérialisme américain etc.). Pendant des décennies, on salissait, on diabolisait, on maudissait le capitalisme. La religion était dénoncée comme l’opium du peuple. Aujourd'hui on ne vit et ne survit que de l'aumône des pays capitalistes. Le jour on va à la pagode, sans y croire puisque l’on ne tolère aucune opposition politique ( Roger Mitton parle de pays de l’impossible contestation dans le COURRIER INTERNATIONAL n°480 du 13 au 19/01/2000). La nuit on redevient le vampire et le bourreau que l’on est. Très subtil, on fait de la religion la nouvelle arme pour continuer à tromper et exploiter le petit peuple croyant et pratiquant. Ceux qui ne s’en rendent pas compte donnent beaucoup, reviennent contents du Laos et projettent déjà d’y retourner pour faire rénover tel ou tel angle d’une pagode ou retrouver telles ou telles nanas laotiennes ou vietnamiennes dans telles ou telles boîtes de nuit. Personne ne parle d’écoles, d’hôpitaux ou de prisons politiques où les conditions de détention rappellent celles de Hitler et de Pol Pot. Dans les villes, la prostitution devient une activité prospère qui rapporte au parti et à l'Etat. Dans les campagnes les écoles tombent en ruines. A tous les échelons de l'administration, à commencer par la classe des dirigeants dits " intelligents et clairvoyants ", la corruption atteint l’ampleur de la pourriture. Le kip ne vaut pas un bout de chiffon parce qu'il n'y a plus d'Etat. Le traitement mensuel d’un haut fonctionnaire civil ou militaire ( députés et ministres inclus) ne dépasse guère 30 dollars US, en moyenne. Et encore, il ne le touche pas tous les mois parce que les caisses de l’Etat sont vides. Seules les caisses noires du parti sont encore à moitié pleines, mais c’est pour payer l’armée d’occupation et la milice. Tout cela n’a pas empêché notre haut fonctionnaire, notre député, notre ministre ou notre dignitaire militaire à la poitrine blindée de décorations d’avoir sa belle villa et sa Mercedes qui coûtent 200 ans de son traitement et, entretenir une ou plusieurs maîtresses en ville. On a fait démissionner, par la petite porte, le pauvre Ministre marionnette des Finances pour incompétence, alors que c’est tout le système pervers qu’il aurait fallu abolir.

Voilà le Laos tel que le parti et l'Etat ont façonné et sculpté pour nous, en vingt cinq années de " paix et d’abondances ! ", avec des milliards et des milliards d’aides financières internationales .

La diaspora laotienne a t-elle une meilleure solution?

De l’avis général, exprimé souvent en privé, dans les fêtes ou autour d’une table de jeu, le Laos, misérable par sa maigre population et misérable par le niveau de culture politique de ses dirigeants, est condamné à disparaître :

Entre un Vietnam communiste à civilisations, cultures et modes de vie complètement différents des nôtres et une Thaïlande libérale démocratique à civilisations, cultures et modes de vie identiques aux nôtres, le cœur du laotien réaliste balance.

Les braves laotiens auront donc le choix entre plusieurs solutions parmi tant d’autres :

  1. Devenir de bons et dociles citoyens vietnamiens comme l’imposent le parti et l'Etat, avec comme avantage certain  la tranquillité et la sécurité à vie dans l'esclavage (Traité d’Amitié Laos-Vietnam de Juillet 1977). L’intérêt est manifestement suicidaire.
  2. Se dissoudre dans une grande Nation Thaï ( rêve toujours d’actualité ! ) avec l’avantage d’appartenir à la même communauté de civilisations, de langue, de cultures et de croyances religieuses. L’intérêt est naturellement économique.
  3. Former avec le Cambodge une fédération d'Etats contre les agressions thaïlandaises et vietnamiennes (avantages: communauté de croyances religieuses, relations non tachées de haines, de sang ou de désirs de conquêtes territoriales, autonomie de chaque Etat fédéré avec un gouvernement central bicéphale et deux gouvernements locaux). Le Cambodge connaît les mêmes problèmes que nous vis-à-vis de nos voisins de gauche et de droite. Pourquoi ne pas unir nos forces contre les envahisseurs ? L’intérêt est avant tout politique. La solution mérite réflexion et méditation.
  4. Ou restons des laotiens debout dans un Laos libre. Mais alors il faudrait aider la Résistance Nationale, oser dénoncer publiquement les crimes contre l'humanité du nouveau régime, soutenir plus activement les revendications des mouvements d’étudiants, encourager les organisations politiques laotiennes de l’extérieur qui sont nos porte-drapeaux et, de grâce arrêtons de dire que le nouveau régime a ses côtés positifs comme on commence à entendre un peu trop souvent, ici et là, dans les rangs de la diaspora. Il n’y a rien de positif quand on massacre son propre peuple, opprime et réprime à la baïonnette ses propres concitoyens pour de simples délits d’opinion. Le régime laotien, lit-on dans ASIAWEEK, est le plus répressif de l’Association de Nations du Sud-Est asiatique.
  5. Un autre choix pourrait s’opérer entre :

Et la France, dans tout cela, a t-elle un rôle à jouer ? Aujourd’hui elle continue à aider la République Démocratique Populaire Lao, c’est à dire à soutenir le régime répressif en place, malgré les déclarations fracassantes du Chef de l’Etat au moment de la Guerre du Kosovo. En politique ce n’est pas évident de trouver un allié sûr et loyal. On comprend pourquoi le Parti Révolutionnaire Populaire Lao a choisi de vendre le Laos au Vietnam pour 25 années de plaisirs de ses chefs. Si l’avenir du Laos nous préoccupe tant parce que nous aimons profondément notre pays, il n’intéresse aucunement les communistes laotiens. Autrement, les laotiens se seraient déjà réconciliés depuis longtemps sous un régime politique plus souple et plus tolérant. On dit et on entend que dans les sociétés humaines il n’y a que deux catégories d’individus : ceux qui achètent et ceux qui sont vendus. Dans la nôtre y a t-il une autre catégorie de laotiens et de laotiennes ?

Le forum sur l'avenir du Laos est ouvert ! A vous lire, amis et camarades internautes !

BONNE ET HEUREUSE ANNEE 2000 !

Touxoua Lyfoung

(*) texte publié sur franco@lao.net pour débats et discussions


----- Original Message -----

From: Abhay <abhayk@free.fr>

To: <franco@lao.net>

Sent: Friday, February 04, 2000 8:40 PM

Subject: forum avenir


Cher touxaua et surfer
Vous enoncez des faits véridiques et probablement documentés, je serai
encore plus convaincu si vous me citer
1/ les noms de ces hauts fonctionnaires ... avec leur fiche de paie et leur
patrimoine.
2/ des photos de ce Laos délabré (au fin fond de ma campagne je ne vois que
les brochures touristiques)
3/ pouvez-vous me prouver q'un vietnamien est superieur a un laotien
4/ soutenir la resistance, laquelle et/ou lesquelles : faites vous connaitre
pour qu'on puisse vous aider ou vous detruire.
5/nous sommes la ou nous sommes parce qu'il y a une cachophonie,
nous sommes des enfants qui parlent tous en même temps et qui n'entendent
JAMAIS l'autre,
et on repete ce qu'un autre a deja dit il y a dix ans
et c'est nouveau
et c'est beau
et nous voila reparti.
AMITIE A TOUS ET SANS RANCUNE
SI TOUS LES LAOTIENS POUVAIENT S'ENTENDRE ET PARLER D'UNE MEME VOIX
(LAOTIEN NE SIGNIFIE PAS LAO, MAIS TOUS LES ETHNIES DU LAOS;
CELA NE VEUX PAS DIRE NON PLUS VIETNAMIEN CHINOIS OU THAILADAIS: ILS ONT
LEUR PAYS)

HAK PENG


----- Original Message -----
From: Adrk25
To: franco@lao.net
Sent: Friday, February 04, 2000 9:35 PM
Subject: Re: AVENIR
Bonjour à tous les internautes phinong lao et falang.
L'article posté par M. Toufoua Lyfoung est fort intéressant il comporte différents thèmes et différentes questions qui nous touchent tous de près ou de loin. De la politique intérieure à lapolitique extérieure, de la vie quotidienne du peuple lao au Laos et dans les pays d'acceuils à la vie sociale et économique et à la vie de tous les jours.
Hélas l' AVENIR est bien sombre... et le bout du tunel parait bien loin pour nous lao ou laotiens( Keut sat diéo pen lao chôy, comme disent certains). Entre la domination politique et militaire du pays grand frère et la domination économique de '' Ban Phi Muong Nong, notre" Patrie Dokchampa'' ne sait vraiement pas à quel saint se vouer.
Tout ce la est bien triste. Je laisse le soin à nos amis qui comprennent mieux que moi se débattre sur ces sujets.
J'aimerai parler et discuter à propos de nous lao de l'extérieur, lao des pays occidentaux. Comme nous a fait remarquer M. T.LYFOUNG, pour certains nous avons, pas loin de 50 ans(20 à 25 ans dans le pays d'acceuil). Quand nous sommes parti du laos, nous avons vécu un certain temps au Laos, nous connaissons nos coutumes, nos fêtes, nos moeurs etc... Bref, nous connaissons ce que c'est la vie d'un lao ou d'une lao. Une fois arrivés dans le 3eme pays, nous esseyons tant bien que mal de préserver notre culture et de la transmettre à nos enfants. C'est ce que tout le monde le pense et le dit. Est-ce vrai?
J'ai des doutes à ce sujet, non pas par le manque de volonté des parents. Parce que c'est fort difficile et ce n'est pas possible pour toutes les familles. Celles qui sont isolées, éloignées d'autres compatriotes, celles qui ont le père, la mère et les enfants sans les grandes parents ni oncles ni tantes. Et nous sommes nombreux dans cette catégorie. Comment faire? pour transmettre certaines choses qui sont propres à notre peuple, à nos enfants pour qu'ils puissent plus tard les transmettre à nos petits enfants.
Vous constatez comme moi, ils ne sont lao que par leur nom, ils ne parlent plus notre langue et ne savent plus faire SABAYDI avec de jolies gestes comme nous les faisons. Ce n'est pas leur faute. Ils sont nés et grandis dans les pays d'acceuils. Après notre génération, j'ai bien peur qu'il n' y a plus de lao à l'extérieur du Laos.
Que pouvons nous faire ?
Quels sont vos réactions quand vous voyez trois jeunes lao d'environ 10-12 ans, qui ont tant de choses à se raconter et qui passent leur temps à se regarder? car l' un ne parle que français, le deuxiéme que l' allemand et le troisiéme que l'anglais. Pourtant ils sont bien cousins. Plus tard sûrement ils se parleront en anglais. Et quand on dit " Phasa bor sat malayat bor takoun" ( la langue indique la nationnalité ou l'origine et la conduite indique la classe ou la Famille) et qu'est- ce qui va rester de ce dicton?
Existe t- il toujours des lao en France, en Allemagne, aux USA et ailleurs d'ici 15 ans 20ans?
J'arrête là pour l' instant. J'espère que les internautes franco-lao me donnent leurs points de vue, merci d' avoir consacré votre temps.
Hak Phèng.


----- Original Message

----- From: mail

To: touxoua lyfoung ; phiengch ; Houmphanh Thongvilu ; David.Thanadabouth

Sent: Saturday, February 05, 2000 4:28 PM

Subject: Avenir

Sabaidi tous,

Comme Laotiens vivant à l'étranger (volontairement ou non) nous avons peut être plus de difficulté à rester objectif devant la situation du Laos. Personnellement je n'éprouve ni haine ni attirance pour le Parti en place. J'éprouve surtout un peu de découragement devant un tel gâchis humain et matériel. Beaucoup de Laotiens ont les moyens matériels et intellectuels pour faire quelque chose au Laos; ils ont le désir aussi. Mais qui voudrait être un citoyen de seconde zone, à la merci du premier membre du Parti venu? Voila le problème, et il est politique. Mon analyse n'est pas celui de Touxoua (que je connais bien, car nous avons un bon ami en commun, Mr Baccam Soan). Le Laos a toujours su survivre en tant que Etat depuis longtemps, ce n'est pas demain qu'il se fera "colonisé" par la Thaïlande ou le Viet-nam. Le problème actuel est le choix, momentané, d'être dans l'orbite politique du Viet-nam. Ce choix est celui des dirigeants lao membre du Parti, il est dicté par l'impératif de conserver le pouvoir. Rien ne dit que si dans le futur de nouveaux dirigeants lao moins impliqués avec le Viet-nam optant pour un autre système politique est une chose impossible. Vous avez l'exemple de la Yougoslavie et du Bloc de l'Europe de l'Est.


----- Original Message -----

From: Abhay <abhayk@free.fr>

To: <franco@lao.net>

Sent: Saturday, February 05, 2000 6:06 PM

Subject: forum avenir


Bonjour,Adrk25
je ne suis pas aussi pessimiste, les jeunes de nos jours essaient de faire
leur place dans leur pays d'accueil. Ils retourneront vers leur racine plus
tard si nous parents, nous avons donné des bases pour qu'ils puissent
choisir.
eduquer un enfant est très dur, l'éducation à la laotienne type ancien temps
ne marche pas: on leur demande de faire sans leur dire pourquoi.
Pour leur expliquer le pourquoi des choses, il faut que nous mêmes
comprenons ce que nous faisons.
ex: "vienne houa kha so" (les mesures tête/ corps/ coude) en bougie que vous
donner aux bonzes pdt les fêtes bouddhiques , peu de gens savent qu'on offre
son corps en offrande ...
expliquer chaque geste, chaque coutume de manière cohérente et logique, nous
vivons une autre époque où les gens sont guidés par la science et le savoir,
il faut faire de même.
Il vaut mieux avoir de laotiens qui savent que des milliers et millions
laotiens ignorants
Soyons optimiste, j'ai foi en nos jeunes.
A ++

 

illions
laotiens ignorants
Soyons optimiste, j'ai foi en nos jeunes.
A ++